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Selon Statistique Canada, plus de la moitié des Canadiens âgés de 15 ans et plus ont peu confiance dans les médias. Cependant, près d'un Canadien sur dix ne sait pas comment vérifier la véracité d'une information. Certains pensent qu'il est trop difficile de trouver des sources fiables, tandis que d'autres affirment ne pas avoir le temps ou la motivation nécessaires.
L'éducation aux médias nous aide à comprendre l'information, à trouver des sources fiables et à naviguer dans le monde numérique complexe. Il n'est pas toujours facile de savoir ce qui est vrai et ce qui est faux. L'intelligence artificielle et les réseaux sociaux présentent des défis supplémentaires.
Pendant la Semaine de l'éducation aux médias (du 27 au 31 octobre 2025), des organisations font la promotion de l'éducation aux médias au XXIe siècle. HabiloMedias, le centre bilingue canadien pour l'éducation numérique, organisera des activités et des événements dans des salles de classe, des bibliothèques, des musées et des groupes communautaires à travers le Canada. Pour en savoir plus sur les activités de la Semaine de l'éducation aux médias, consultez leur site web.
Continuez votre lecture pour en savoir plus sur la littératie médiatique. Pour découvrir de nouvelles façons d'améliorer la littératie médiatique, visitez le site Web de HabiloMedias et consultez la discussion avec Autumn, vérificatrice de faits chez HabiloMedias, sur la littératie médiatique et les jeunes. Et rejoignez-nous le 23 octobre pour le Forum national sur la littératie et les compétences pour l'avenir, où Sean Henry, de CBC Montréal, animera une discussion animée sur la littératie des adultes et le développement des compétences.
Littératie Ensemble s'est entretenu avec HabiloMedias au sujet de l'importance de la littératie dans le monde numérique d'aujourd'hui. Marc-Alexandre Ladouceur, spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMedias, a répondu à nos questions.
La littératie est importante car elle nous permet d'interagir avec le monde et avec nous-mêmes. Qu'il s'agisse de littératie imprimée ou de littératie numérique, la littératie comporte deux dimensions : la capacité à décoder des textes (tout élément de communication dont le sens peut être interprété, qu'il s'agisse d'un article, d'une chanson ou d'une publication sur les réseaux sociaux) et à les créer. Décoder des textes en comprenant vraiment leur signification et ce qui se cache derrière eux nous donne la possibilité de remettre en question nos idées préconçues et même notre identité. Les créer nous permet de partager nos pensées, nos opinions et notre personnalité. À l'ère de l'information, nous vivons et interagissons avec le monde à travers des textes plus que par tout autre moyen.
La plus grande menace causée par la désinformation en ligne est le cynisme, c'est-à-dire le sentiment que toutes les informations et toutes les sources sont également peu fiables. Si bon nombre de nos sources d'information fiables peuvent commettre des erreurs, elles corrigent également ces erreurs ou mettent à jour les informations lorsque cela est nécessaire. Mais si toutes les sources sont considérées comme également peu fiables, nous pouvons avoir l'impression qu'il n'y a aucun moyen de trouver la vérité (ou qu'il n'y a pas de vérité à trouver) et nous sommes alors enclins à croire ce que nous voulons croire.
Pour reconnaître les fausses informations, il faut savoir faire ce que nous appelons de la « lecture complémentaire » : ne pas se concentrer immédiatement sur le texte lui-même, mais se tourner vers d'autres textes (moteurs de recherche, Wikipédia et sources dont nous savons déjà qu'elles sont fiables) pour juger si le texte mérite notre attention. Il est contre-productif de consacrer du temps et de l'attention à des sources qui n'agissent pas de bonne foi, comme les médias hyperpartisans ou « pink slime ».
La lecture complémentaire consiste également à s'assurer que nous avons trouvé la source originale d'un texte avant de l'évaluer et à utiliser des outils tels que des vérificateurs de faits professionnels. Nous devons être capables de suivre des liens ou d'utiliser un outil tel que la recherche d'images inversée pour trouver d'où provient une image ou une information et juger si elles proviennent d'une source fiable. Si la source n'est pas fiable, nous devons nous montrer très sceptiques à son égard.
Pour rester en sécurité en ligne, qu'il s'agisse d'éviter les escroqueries ou de repérer les fausses informations, la compétence la plus utile est aussi l'une des plus simples : ouvrir un nouvel onglet dans le navigateur et faire des recherches.
Si je reçois un message m'annonçant que j'ai gagné un prix, que je dois de l'argent, que j'ai gagné de l'argent ou que je dois réinitialiser un mot de passe, je ne clique sur aucun lien. Il est facile de faire passer un faux site pour un vrai. À la place, j'ouvre un nouvel onglet et je recherche les mots clés du message, comme le nom de l'expéditeur suivi du mot « arnaque » ou « faux ». S'il s'agit d'une grande entreprise dont l'identité est usurpée, je trouve souvent des avertissements de la part de l'entreprise elle-même ou d'autres personnes qui ont déjà signalé l'arnaque.
La même approche fonctionne pour les fausses informations. N'importe qui peut publier un message affirmant que quelque chose est vrai ou faux, il est donc important de vérifier auprès de sources fiables. Les sites de vérification des faits comme Snopes sont un excellent point de départ. Si je vois une affirmation telle que « boire de l'eau dès le réveil est dangereux » et que Snopes ne l'a pas encore traitée, je consulte des sites médicaux fiables ou les actualités locales pour voir si je peux trouver des informations précises et vérifiées. Si aucune source crédible n'en fait état, c'est un bon signe que cette affirmation est fausse.
Il est essentiel que les électeurs disposent d'informations factuelles pour prendre les meilleures décisions possibles. Il est peut-être encore plus important de parvenir à un consensus sur ce qui est factuel ; sans ce consensus, nous ne faisons que des affirmations basées sur notre propre idéologie. C'est pourquoi il est essentiel que l'éducation aux médias ne se concentre pas uniquement sur la démystification des fausses informations, mais aussi sur l'enseignement aux gens de la manière de distinguer la vérité du mensonge. Nous devons également consacrer autant de temps et d'efforts à apprendre à reconnaître les sources fiables et les informations exactes qu'à repérer les fausses informations.
Soutenir nos proches signifie partager des informations exactes, mais aussi les aider à développer les compétences nécessaires pour vérifier les informations et leurs émotions en même temps.
Nos recherches suggèrent que de nombreux jeunes se considèrent comme des sources d'informations fiables pour leurs pairs et les membres de leur famille, mais ils reconnaissent également que les adultes de leur entourage en savent plus qu'eux sur certains sujets. Ainsi, si les enfants peuvent souvent aider leurs parents à se montrer un peu plus sceptiques à l'égard des publications qui apparaissent dans leur fil d'actualité (et plus conscients de l'impact du partage d'informations dont ils ne sont pas sûrs de la véracité), les adultes ont généralement une meilleure compréhension des sources susceptibles d'être fiables.
Il est utile de rappeler aux adultes plus âgés de notre entourage que tout ce que nous voyons ou lisons en ligne n'est pas forcément vrai. Encouragez-les à vérifier auprès d'autres sources fiables avant de partager ou de croire les informations qu'ils voient sur Internet.
Le programme Faux que ça cesse (https://habilomedias.ca/faux-que-%C3%A7a-cesse) de HabiloMedias enseigne quatre étapes rapides et faciles que tout le monde peut suivre pour vérifier une histoire ou une affirmation et déterminer si une source mérite votre attention. Nous disposons également de ressources qui approfondissent des sujets tels que la manière de s'assurer que l'on réfléchit vraiment de manière critique.
À l'ère des deepfakes faciles à créer, il est plus important que jamais de vérifier avant de partager ou de croire les informations que l'on voit en ligne, et ce à chaque fois !
Un deepfake est une image ou une vidéo qui a été entièrement conçue pour paraître réelle. Parfois, les gens utilisent les deepfakes à des fins comiques ou artistiques, mais hors contexte, ou lorsqu'ils sont créés dans le but de tromper, les deepfakes peuvent être utilisés pour nous faire croire à des événements ou à des déclarations qui ne se sont jamais produits. Par exemple, quelqu'un pourrait créer un deepfake de la Tour CN décollant dans l'espace. Cela peut sembler réel, mais ce serait difficilement crédible. D'un autre côté, quelqu'un pourrait créer un deepfake d'un responsable officiel de confiance nous disant que la Tour CN est en réalité un vaisseau spatial et qu'elle a été lancée avec succès vers la Lune. Même si nous ne croyons pas ce responsable officiel, nous pourrions croire qu'il a dit une telle chose alors qu'en réalité, il ne l'a jamais fait.
Enfin, un deepfake pourrait être créé à partir de cette même personnalité politique de confiance tenant des propos particulièrement blessants à l'égard de son adversaire ou d'une autre personnalité qui nous tient à cœur. Dans ce cas, nous pourrions nous mettre en colère contre cette personnalité politique de confiance, partager l'histoire sans réfléchir et même lui écrire pour lui demander des excuses. C'est pourquoi il est important de vérifier les informations avant de réagir trop rapidement. Il est très tentant d'agir lorsque nous sommes fortement touchés par ce que nous avons vu, et les deepfakes ne nous donnent aucune raison de croire qu'ils ne sont pas réels.
En tant que spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMedias, le centre canadien pour l'éducation aux médias numériques, Marc-Alexandre est chargé de créer des ressources pour les éducateurs, les parents et les groupes communautaires, et de mener des activités de sensibilisation auprès des écoles, des commissions scolaires, des ministères de l'Éducation, des facultés d'éducation et des organismes communautaires partout au Canada. Il est titulaire d'une maîtrise en théologie et d'un baccalauréat en éducation et en théologie.
