Vanessa Wong, directrice régionale de Toronto - De bénévole à employée
13 févr. 2023
Cet article est le premier d'une série de témoignages présentant des membres du personnel qui ont commencé en tant que bénévoles à Littératie Ensemble. À travers ces portraits, nous voulons souligner l'importance du bénévolat, mais aussi celle de maintenir le lien avec Littératie Ensemble. Nous en profiterons également pour en apprendre plus sur leur travail et ce qui les motive à travailler pour une organisation qui transforme des vies grâce à l'alphabétisation.
Lorsque Vanessa Wong est devenue la directrice régionale de Toronto en janvier 2022, elle était déjà un élément important de l'organisation du fait de son implication en tant que bénévole et son parcours d’ancienne conseillère dans un camp d'été de littératie. Nous nous sommes récemment entretenus avec elle sur les expériences riches et variées qu’elle a eu dans ses différents rôles. Comme Vanessa a commencé à s’impliquer il y a plusieurs années de cela, cette interview fait référence à la fois à Littératie Ensemble et à son ancien nom, Collège Frontière.
Comment as-tu entendu parler de Collège Frontière pour la première fois ?
Lorsque j'étais étudiante à l'Université de Toronto à Scarborough, le groupe s'appelait Collège Frontière de l'Université de Toronto. Ils étaient à la recherche de bénévoles pour leurs programmes de tutorat et d'activités parascolaires.
Pourquoi avoir décidé de devenir bénévole ?
À l'époque, ça m’avait semblé être une excellente occasion d'être plus active au sein de la communauté. J'envisageais également de faire carrière dans l'enseignement et j'ai pensé que ce serait une bonne façon d'acquérir de l'expérience. Ça m’a finalement permis de constater que l'enseignement n'était pas une profession qui me convenait. Mais j'ai beaucoup appris sur les programmes d'alphabétisation communautaires et le travail communautaire. Mon implication en tant que bénévole a eu un impact sur mes diverses transitions professionnelles, et je continue encore aujourd’hui à m’investir bénévolement dans le cadre de mon rôle actuel de directrice régionale de Toronto à Littératie Ensemble.
Quels ont été tes rôles en tant que bénévole ?
J'ai eu plusieurs rôles en tant que bénévole. J'ai commencé comme tutrice bénévole avec [ce qui est maintenant] Littératie Ensemble à l'Université de Toronto à Scarborough, à la Family Residence, un refuge à Scarborough. L'année suivante, j'ai été membre du comité organisateur et j'ai travaillé bénévolement comme tutrice dans le cadre de deux programmes, dont un au Dr. Roz's Healing Place et un autre au Juliette's Place. Quelques années plus tard, j'ai été bénévole au Alumni Speaker Bureau. J’y ai partagé mes expériences en tant qu’animatrice du Camp de lecture d'été autochtone du lieutenant-gouverneur et de son impact sur les communautés dans lesquelles nous avons travaillé avec divers groupes de service communautaire, y compris les clubs Rotary de Toronto.
Où as-tu travaillé en tant qu'animatrice de camp d'été de littératie?
J'ai été animatrice de camp en 2008 et 2009 à la Première nation Pikangikum et à la Première nation Cat Lake.
Peux-tu nous parler des moments forts que tu as vécu, mais aussi des défis que tu as rencontré en tant qu'animatrice de camp ?
Il y a eu beaucoup de moments forts ! Tous les étés ont été des moments forts. Je repense aux ventes de garage, aux soirées de bingo à la radio, aux tacos au pain frit, aux aurores boréales, aux longues nuits passées à planifier et à rechercher une bonne activité d'apprentissage... Et le fait de se sentir soutenue et accueillie par la communauté. Dans la Première nation de Pikangikum, plus de 60 enfants ont participé au programme grâce aux membres de la communauté qui venaient les amener et les récupérer. Au sein de la Première nation de Cat Lake, un des jeunes leaders nous a invités à une journée de canoë et de pêche.
Et les conversations.... Qu'il s'agisse de conversations impromptues au magasin Northern Store ou des jeunes de la communauté qui venaient nous rendre visite après le programme pour rire, raconter une blague ou simplement discuter. Les membres de la communauté ont été généreux avec leur temps et le partage de leurs histoires. Certaines conversations étaient difficiles et provoquaient même parfois des larmes. Les défis étaient là, dans le partage de ces conversations qui évoquaient le colonialisme, le système des pensionnats, la Rafle des années 60 et les politiques gouvernementales inéquitables qui continuent de traumatiser les individus, les familles et les communautés.
Les cours d'histoire que j'ai suivis lorsque j'étais à l'école racontaient comment Louis Riel était un "rebelle" et comment les Français et les Britanniques se sont "installés" au Canada. Mes expériences avec les camps de littératie d'été ont été le début d'un voyage de désapprentissage, de réapprentissage et de réflexion sur ma responsabilité en tant que colon et sur les façons dont je peux, en tant qu'enfant de parents immigrants venant d'endroits ayant leur propre héritage de colonialisme, soutenir et participer au processus de réconciliation.
Le fait de travailler au camp t’a-t-il préparé à ton rôle actuel ?
Absolument ! J’ai acquis certaines compétences comme la gestion de budgets et de comptes ou l'élaboration et la mise en œuvre de programmes d'alphabétisation. J’ai aussi appris des compétences plus générales comme la capacité à travailler de manière indépendante et en équipe, à travailler (et à vivre) avec des personnes ayant des expériences et des histoires très différentes des miennes, et à m'adapter à des situations difficiles.
Qu'est-ce qui t’a intéressée dans la description de ta fonction actuelle lorsque tu as vu l'offre d'emploi ?
Ce qui m'a le plus attiré, c'est l'opportunité de travailler à nouveau à Littératie Ensemble. Mes expériences précédentes de travail avec l'organisation avaient été très positives et ont joué un rôle important dans ma carrière et dans mon intérêt personnel et professionnel pour l'alphabétisation des adultes et les programmes d'apprentissage communautaires. Les personnes avec lesquelles j'ai travaillé auparavant et les collègues avec lesquels je suis toujours en contact ont été très généreux avec leur temps et m’ont partagé leurs compétences, leurs expériences et leurs connaissances.
Je voulais travailler à nouveau dans cet environnement. Je voulais avoir l'opportunité de soutenir Littératie Ensemble de la même manière que mes anciens et anciennes collègues m'ont soutenu, et j'espère contribuer à l'organisation et à sa mission de manière significative.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu'un qui veut travailler dans le domaine de l'alphabétisation ou avec Littératie Ensemble ?
Je n'ai pas de conseil particulier à donner, mais je peux partager deux constats pertinents qui m’ont été partagé. La première me vient d’une directrice générale avec qui j'ai travaillé dans un centre communautaire de la ville de Toronto. Je ne me souviens plus de la déclaration exacte, mais elle disait que ce n’était pas nécessaire d'être un ou une experte, mais qu’il fallait surtout avoir de solides connaissances générales. Elle était efficace dans son rôle non seulement car elle avait des connaissances et de l'expérience en matière de programmes, de politiques, de rédaction de demandes de subvention, etc., mais aussi parce qu’elle pouvait relever ses manches pour prendre un marteau ou régler un problème informatique et elle connaissait assez les Maple Leafs de Toronto pour pouvoir en parler.
La seconde me vient d’un membre du personnel de Littératie Ensemble à qui j’ai parlé quelques mois après mon arrivée. Elle m’a confié que les choses changent constamment et qu’il est donc important d'être à l'aise avec le changement et l'ambiguïté et d'être capable de s'adapter et de pouvoir pivoter rapidement. Je pense beaucoup à cette remarque, surtout avec les changements qui se sont produits au sein de Littératie Ensemble ces dernières années et la façon dont l'organisme a réagi aux impacts liés au COVID, et a su gérer ce changement de nom ainsi que les différents départs et arrivées au sein du personnel.
Qu'est-ce qui te plaît le plus dans ton travail ?
Ce que j'apprécie le plus c'est de pouvoir rentrer en contact avec d’autres membres du personnel de Littératie Ensemble, d'apprendre et de travailler avec eux et elles. Si j'ai besoin de conseils ou si je souhaite parler à quelqu'un (que ce soit de stratégies de collecte de données, de meilleures pratiques de recrutement, etc.), il est probable qu'un ou une autre membre du personnel ait vécu une expérience similaire et puisse me partager ses apprentissages. Cet emploi me donne également l'occasion de concilier mon intérêt personnel envers les programmes d'alphabétisation communautaires avec ma vie professionnelle.
As-tu une anecdote que tu aimerais partager à propos d'un succès ou d'un moment mémorable vécu à Collège Frontière/Littératie Ensemble?
C'est une question difficile car il y a eu et il y aura encore beaucoup de réussites et de bons moments à Littératie Ensemble. Je pense à l’apprenant du programme BTS qui a été reconnu pour ses accomplissements par un prix (Le Learner Achievement Award), à l’apprenant du programme d'Études Indépendantes que l’on a reconnu pour sa contribution au programme en lui attribuant le prix Gerard Tardif, ou au bénévole du programme d'alphabétisation et de formation de base de Scarborough qui a été reconnu pour son travail par le prix Joyce Matthews. Je pense aussi aux collègues qui organisent des déjeuners au bureau de Toronto, ceux et celles qui vous disent bonjour en vous croisant dans les couloirs et vous offre une sucrerie, ou encore ceux qui auront remarqué quelque chose d'intéressant sur votre parcours professionnel et vous en parle lors d’une réunion sur Zoom. Ce sont aussi de bons moments.
Peux-tu me parler d'une personne ou d'une activité particulière en lien avec Littératie Ensemble qui a eu un impact sur toi?
Il y a une activité que j’utilise souvent pour briser la glace lorsque je travaille avec un nouveau groupe de personnes. Il s’agit de la courtepointe collaborative. J’ai découvert cette activité lors de la formation que j’ai suivi pendant mon premier Camps d'été de littératie du lieutenant-gouverneur. Chacun prend un morceau de papier, y dessine et/ou écrit ses intérêts, ses talents, etc. À la fin de l'activité, les gens peuvent partager ce qu'ils ont créé ou écrit sur leur papier et parle un peu d'eux-mêmes au passage. On rassemble ensuite tous les morceaux de façon à représenter une mosaïque. C'est une excellente activité pour briser la glace et il existe de nombreuses façons d'adapter cette activité aux personnes avec lesquelles vous travaillez.
Quant aux personnes, il y en a deux. L'une était une superviseure, l'autre une collègue de travail. J'ai le privilège de les connaître toutes les deux depuis près de 15 ans et elles me soutiennent énormément dans ma vie professionnelle et personnelle. Peu importe la durée qui s’écoule entre nos rendez-vous, nous avons toujours l’impression de ne s’être jamais quitté.